Recommandation 7 : Apprendre et permettre aux élèves de publier (au sens de rendre public sur le Web) et diffuser
– Encourager et systématiser les expériences de publication dans les établissements
notamment autour de sites Web, de blogs, de réseaux sociaux pérennes, d’ENT…
– Former les élèves à l’usage des licences ouvertes (de type Creative Commons) et aux
décisions éditoriales qu’elles impliquent (ré-utilisation, partage, circulation) et en regard à
réfléchir aux usages de documents sous régime de propriété exclusive.
Recommandation 8: Développer l’utilisation de ressources éducatives «en commun »
– Former les équipes pédagogiques, notamment dans le cadre des ESPE, mais aussi au titre de
la formation continue, à l’usage et l’enrichissement des biens communs de la connaissance.
– Inscrire dans la partie « ressources pédagogiques » de chaque ENT l’ensemble des espaces
contributifs en biens communs, des ressources éducatives libres et des outils associés, pour
qu’elles soient plus aisément à la disposition des équipes pédagogiques
Recommandations 13 : Ouvrir des espaces de travail collaboratifs
– Ouvrir un espace de travail collaboratif (coworking space) dans l’école, à usage interne et
externe
Recommandation 24 : Faire évoluer les établissements vers « l’open knowledge »
avec l’appui d’un tissu territorial physique et numérique
– Expérimenter des démarches numériques participatives pour la vie des établissements.
– Repenser la certification et l’évaluation pour y laisser une place aux apprentissages
numériques.
– Avoir une politique de contenus numériques régionaux de valorisation des savoirs des
territoires pour fédérer les compétences et les identités régionales.
Recommandation 31 : Mettre en place et développer l’usage de normes ouvertes et
interopérables sur les supports (tablettes, TNI…), les logiciels et les contenus
– La France doit devenir un pays leader dans l’élaboration et la diffusion de standards
internationaux comme EDUPUB issu des travaux d’IDPF (International Digital Publishing
Forum)
– Approfondir le RGI (référentiel général d’interopérabilité) pour prendre en compte
l’éducation nationale et encourager les normes ouvertes aussi bien en matière de supports
que de logiciels dédiés.
– Promouvoir les ressources éducatives libres en conditionnant les aides à la création de
ressources pédagogiques à leur diffusion sous licence creative commons.
– Privilégier les logiciels libres ou open source chaque fois qu’il existe une offre de qualité
équivalente à l’offre propriétaire
Recommandation 32 : Inscrire dans la formation initiale et continue des enseignants,
un enseignement dédié au réagencement et à l’autoproduction de contenus
associant
– la curation, c’est-à-dire à la sélection et à l’agrégation de sources, à l’annotation, aux usages
personnalisés des manuels existants comme des ressources externes
– l’usage de licences ouvertes permettant aux enseignants de réutiliser des contenus libres de
droits et de choisir la licence qui leur convient pour leurs propres productions
– l’apprentissage des outils d’édition de métadonnées et de vocabulaire spécifiques à la
communauté éducative
Recommandation 35 : Assouplir et élargir l’exception pédagogique
– établir un outil décrivant le champ général de l’exception pédagogique pour accompagner
les enseignants dans leurs usages
– assouplir les autorisations d’usage des oeuvres dans des objets pédagogiques nonmarchands
pour assurer la sécurité juridique des enseignants
– rendre pratique la citation de source pour les oeuvres utilisées dans les produits
pédagogiques, à l’image du modèle automatique de génération des citations utilisé par
Wikicommons
– favoriser le remix pédagogique à partir des extraits d’oeuvres et l’utilisation d’images,
d’extraits sonores et vidéo, pour les productions destinées à la classe comme pour les
productions appelées à être distribuées par les enseignants sur les plateformes nonmarchandes
des ressources éducatives libres.
Recommandation 36 : Construire le cadre des usages des données éducatives
– La recherche scientifique en learning analytics doit être accompagnée d’une recherche en
sciences humaines et sociales sur les critères éthiques d’ouverture ou de fermeture de ces
données, sur les conditions économiques de leurs mises à disposition et sur les effets
sociaux de leurs usages.
– Les conditions d’une controverse publique autour des usages de ces données doivent être
mises en place, avec pour objectif d’encadrer les pratiques des gestionnaires de données. De
par son statut, Etalab pourrait être l’orchestrateur de la controverse comme de la
construction du cadre.
Recommandation 37 : Encourager l’open data entre établissements, collectivités
territoriales et Etat
– Inviter le ministère de l’éducation nationale à prolonger et amplifier son effort d’ouverture
de données, en lien avec d’autres institutions comme l’ONISEP
– Construire le cadre d’une transparence croisée et d’une gouvernance partagée entre les
collectivités territoriales, les services déconcentrés de l’Etat et le Ministère de l’Education
nationale autour des données produites par les uns et les autres.
Pas si mal pour la diffusion de l’esprit des biens communs : près d’un quart des recommandations y font référence ! Au-delà de ces 40 recommandations, c’est une véritable philosophie de l’école qui est donnée et une vision d’avenir te d’ouverture.
Malgré ces points très inspirants, que nous saluons, nous pouvons apporter quelques réserves et nuances.
Ce rapport est très ambitieux (trop ?) et en l’état actuel des choses, comment imaginer une mise en place concrète ? La vision de l’enseignement qu’il propose est très en rupture mais il semble manquer de positions plus généralisantes et de changement d’échelle et de paradigme. Il évite cependant le piège de n’aborder le numérique que sous un angle techniciste ou économique. Au contraire son approche est bien globale.
Il semble manquer aussi dans ce rapport, au-delà des objectifs avancés, un appui sur les pratiques actuelles (et parfois empiriques) des élèves et des pratiques pédagogiques des enseignants. La littératie numérique devrait s’appuyer sur ces pratiques et la façon dont les élèves investissent le numérique en tant qu’environnement (cf Louise Merzeau).
Parmi les 8 propositions, nous sommes surpris de trouver en position 1 l’enseignement du code : est-ce donc cela la priorité au lieu de l’enseignement d’une véritable culture numérique, qu’on retrouve seulement en position 2 ?
Ensuite, la proposition 3 sur un Bac « humanités numériques » aussi louable elle nous parait discutable : pourquoi un bac général ? (et pas aussi/ou un bac pro ou une forme plus réaliste comme une option ou un enseignement dès le collège ?)
Sur la recommandation 8 « Inscrire dans la partie « ressources pédagogiques » de chaque ENT l’ensemble des espaces contributifs en biens communs, des ressources éducatives libres et des outils associés, pour qu’elles soient plus aisément à la disposition des équipes pédagogiques ».
Là encore, nous saluons cette proposition mais la modérons…les ENT sont mal (peu) utilisés par les collègues et restent des espaces fermés… pas totalement en adéquation avec l’esprit des biens communs donc.
Sur la recommandation 13 : Ouvrir des espaces de travail collaboratifs. Nous lisons « Contrairement au CDI ou à la salle de permanence, qui sont des lieux de silence »… cette formulation est caricatural et à l’image de ce qu’étaient (peut être) les CDI il y a longtemps. Justement les CDI tendent à devenir ces espaces de travaux de groupes et d’expérimentations.
Cette proposition se rapproche du débat sensible et houleux qui occupe la profession des professeurs documentalistes depuis quelques années maintenant autour des 3C (centre de connaissances et de culture) ou learning center.
Cet espace de co-working pourrait pourtant ouvrir bien des perspectives…. à suivre.
Par contre, ce rapport et ces recommandations n’en restent pas moins un formidable document d’appui pour continuer la dynamique qui se met en place autour des biens communs et des communs dans l’éducation notamment sur la culture de la participation
« Il faut encourager et valoriser les projets pédagogiques qui placent l’enfant en situation contributive et coopérative «
Nous appelons donc le conseil supérieur des programmes à s’appuyer sur la richesse de ce rapport
- pour que la littératie numérique ne reste pas encore une fois à la marge de l’enseignement mais soit au contraire pleinement intégrer dans les programmes, en particulier de l’éducation aux médias et à l’information, portée entre autre par les professeurs documentalistes.
- pour que l’école et l’enseignement restent des biens communs de la communauté, dans son ensemble, (équipe pédagogiques, éducatives, élèves, familles….).
Quelques réactions sur ce rapport
Bientôt un bac HN (Humanités Numériques) au lycée ? http://www.numerama.com/magazine/30798-bientot-un-bac-hn-humanites-numeriques-au-lycee.html
Jules Ferry 3.0 : la refondation par le numérique ? http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-veran/051014/jules-ferry-30-la-refondation-par-le-numerique
Bac humanités numériques, littératie, programmation, informatique, école créative : les propositions du Conseil National du Numérique http://www.a-brest.net/article16576.html
Le CNNum et l’école : « L’école numérique n’est pas l’école des tablettes » http://www.lexpress.fr/education/le-cnnum-et-l-ecole-l-ecole-numerique-n-est-pas-l-ecole-des-tablettes_1607793.html
Mon regard sur ce rapport qui, à bien des égards, se rapproche du vôtre : http://www.culture-numerique.fr/?p=1901
Une réaction de forme, sur votre lien vers Numerama : peut-on éviter de laisser dans les URLs en lien ce qui figure après .HTML (i.e. traçabilité de la source) et qui n’a aucun intérêt ?
Ce peut-être une bonne pratique en général.
Merci de votre vigilance, c’est réparé